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Spoutnik
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5 novembre 2003

De quête en quêtes

Il y a quelques jours, je me suis parti en quête. Une quête futile, mais une quête tout de même ... pour le savoir, pour avoir le coeur net. J'ai cherché.

Dans ma quête, comme lors de toutes les quêtes, j'ai voyagé. J'ai traversé des pays lointains, des pays mystérieux. Mes pas me conduisaient sur d'autres continents, loin, très loin, puis me ramenaient au bas de ma rue. Je découvrais des paysages inconnus et j'ouvrais de nouvelles pistes. Un indice me poussait à droite et j'allais à droite. Une information m'appelait à gauche, je bifurquais à gauche. Beaucoup d'impasses m'ont fait revenir en arrière. Ma connaissance s'accroissait. Je progressais peu à peu. J'avais l'instinct du chasseur. Comme dans toute quête, il faisait nuit, il faisait froid ... parfois il neigeait. Tout se liguait pour me voir courir à ma perte. Des mois ne duraient qu'une seconde. Des minutes s'allongeaient en heures. Je n'ai pas beaucoup dormi. Parfois je me trouvais loin, mais en fait je me trouvais près. J'avais faim, j'avais soif, j'étais rassasié. J'étais surtout étonné par ce que je voyais. J'ai traversé des océans et des rivières. J'ai contourné des lacs. J'ai marché le long de rivages dans des archipels incertains. Souvent je me suis perdu. J'ai couru aussi. Des précipices s'ouvraient sous mes pieds, des falaises me faisaient face. J'ai suivi des chemins tortueux qui ne menaient à rien. Un jour, au bout d'un chemin, j'ai trouvé, pourtant. Je suis descendu dans l'abîme, quittant la lumière pour m'aventurer près d'un fleuve qui y coule... Un pont l'enjambait et j'étais arrivé.
Là, j'ai découvert un palais grandiose. Là, dans une lumière spectrale, une Kathleen dansait avec un masque et des ailes. Là, l'architecture était réfléchie. Une vaste cour ouvrait sur une aula magna. Elle s'entourait de quatre pièces aux dimensions gigantesques. Toutes ces pièces étaient sombres, seule l'une d'entre elles était légèrement éclairée. Dans les hauteurs, près de charpentes torturées, je percevais une présence. Ca et là d'autres avatars m'observaient dans une langueur crépusculaire. Le maître des lieux n'était pas loin et m'accordait le droit de visiter à la lumière d'une bougie. Les ombres se mouvaient lentement. J'étais envoûté. J'ai eu même l'impression, à un moment, que ce palais des ombres n'avait été construit que pour moi.

***


Les à-côtés de cette quête, quant à eux, m'ont fait découvrir des endroits également étranges. Pour progresser, j'ai observé et j'ai lu des centaines et des centaines de sites, des milliers et des milliers de pages. Je voyageais de blogs en blogs, de commentaires en commentaires. Je voyageais de gens en gens. C'était comme de prendre le train ou le métro, puisque je voyageais en commun : mais au lieu de ne regarder que le plafond ou que le journal ou que la fille en rouge, là, je devais regarder les gens. Je ne pouvais me contenter de les regarder, je devais tourner autour d'eux, je devais les inspecter, j'écoutais ce qu'il avaient à dire et à montrer, je les observais droit dans les yeux. J'étais leur confesseur. Quelques fois, j'ai trouvé des âmes nues.

Passant de l'ombre à la lumière, toujours nimbé de l'une ou de l'autre, je voyageais en mots. Ce fut un voyage pénible. Ma santé mental aurait dû en souffrir. Car de telles visites, on ne sort pas toujours indemne. Je suis resté indemne. Je l'espère.

Je suis allé partout et j'ai remonté les pages des passés parfois oubliés.

J'ai découvert, au cours de ces visites, plus de souffrances que joies. J'ai rencontré plus d'amertumes et de remords que d'optimisme et de sérénité. Mais surtout j'ai croisé beaucoup de stupidité et de petitesse. Bien sûr, j'ai vu aussi des faiblesses, des petits mensonges, des petits arrangements, de la médiocrité, mais tout cela est bien excusable. Par contre la méchanceté, la jalousie, le ressentiment, le mépris, je n'en veux plus. Je les laisse aux ordures. Là, je touchais du doigt la petitesse.
J'étais loin du palais des ombres où brille une lumière crépusculaire. J'étais loin de sa langueur mélancolique.

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