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6 février 2004

Épanadiplose d'abeille

"L'abeille domestique noire qui fabrique le miel est de l'espèce Apis mellifica mellifica, elle s'est établie en Europe du Nord-Ouest il y a 10.000 ans après la dernière glaciation."

Le matin, l'abeille se réveille tôt ; et elle est fatiguée, comme tous les matins.

Alors, elle fait vite sa petite toilette et ses deux petites pattes de devant frottent son petit visage rond. Elle prend sa petite douche de rosée et elle se savonne avec application. Elle se coiffe consciencieusement et arrange ses petits cheveux avec délicatesse. Pif paf ! elle est maintenant propre l'abeille. C'est très rapide une toilette d'abeille. D'ailleurs, elle n'a pas de temps à perdre. Il faut aller vite. Une abeille, cela définitivement n'a pas de temps à perdre ! Comment m'habiller aujourd'hui pense l'abeille ? Vais-je tenter un peu de ... fantaisie pour une fois ? Oh et puis non ! Et pif paf ! elle met son petit costume d'abeille. Il est si beau et il lui va si bien. Elle est très élégante l'abeille dans son costume noir avec de belles rayures. Une vraie Apis mellifica mellifica, comme on dit dans les livres. Lorsqu'il fait froid, elle rajoute à son costume une petite écharpe noire. Car il ne faut pas prendre froid. Sinon, pas de travail pour toi aujourd'hui, l'abeille ! Et tu dois faire attention à toi petite abeille, se dit-elle souvent.

Alors, il est maintenant temps de se dépêcher. Vite, le petit bol de l'abeille. Un peu d'eau tiède, un peu de sucre. Et pif paf ! C'est fait, c'est bu. elle a bien mangé. C'est important le matin de bien manger. On peut ainsi bien travailler la journée a-t-elle entendu dire dans la ruche. Elle est maintenant propre et prête l'abeille. Elle peut enfin y aller.

Alors, elle ouvre la porte, l'abeille. Et là, elle voit plein d'autres abeilles, l'abeille. Toutes se sont lavées, peignées et toutes ont enfilé leur beau costume noir rayé. Et lorsqu'il fait froid, elles enfilent toutes leur petite écharpe noire. Toutes ont bu l'eau tiède et ont mangé le sucre. Pif paf ! elles sont toutes propres et prêtes. Devant elle, elle voit une nuée d'abeilles. Ce sont toutes des Apis mellifica mellifica, comme elle.

Alors, elle franchi le seuil de sa porte l'abeille. elle se retrouve dans le flot des abeilles qui quittent la ruche. Cela cahote un peu un flot d'abeilles. On s'y croise beaucoup, on s'y bouscule des fois, on y trépigne pas mal, on s'y marche un peu sur les pattes. Parfois l'abeille pousse une autre abeille qui la colle un peu trop et elle pense : mince alors, la méchante abeille, elle va me salir mon beau costume noir rayé ! On se croise ... on trépigne ... on se bouscule un peu mais le flot avance. Et à la fin, ça y est, pif paf ! on y est !

Alors l'abeille sort du flot, car elle est enfin arrivée à sa prairie, là où elle travaille. Chouette, ma prairie pense-t-elle, heureuse d'avoir rejoint sa prairie. Dans sa prairie, il y a plein de fleurs, d'herbes, d'arbres, il y a plein de choses à faire pour les abeilles, plein de choses à butiner. Et puis il y a ses amies, les autres abeilles de la prairie.

Alors vite au travail. Elle vole, elle vole, elle vole. Des fois, le matin, elle s'arrête de voler, pour un petit moment seulement, afin de prendre une petite goutte de rosée avec ses amies les abeilles de la prairie, celles de son coin à elle. Une toute petite pause bien sûr. Et pif paf ! c'est reparti. Elle vole, elle vole, elle vole. Le soleil tourne autour de la prairie et elle, elle vole, elle vole, elle vole. Le soleil est haut, elle vole, elle vole, elle vole. A midi, elle va manger un peu de sucre avec d'autres abeilles. Alors, elle se pose l'abeille, avec ses amies les abeilles de la prairies, celles de son coin à elle, sur une toute toute petite feuille, d'une toute petite branche, accrochée à une autre branche, tenue par un gros tronc, le tout formant un gigantesque arbre. C'est petit le petit coin où elles se posent, mais c'est tranquille. Et puis on est bien entre amies abeilles de la prairie, toutes avec le même costume noir rayé et une petite écharpe quand il fait froid. Elles parlent ensemble. Elle échangent des souvenirs d'abeille. Elles parlent de leur toilette d'abeille ; de leur cheveux ; de leur chez soi ; de leur matinée et surtout du flot des abeilles, le matin pour venir à la prairie. Que c'est fatigant ce flot, on s'y bouscule et on y trépigne. Quand elles ont bien mangé, quand elle ont bien bu, pif paf ! elles se lèvent sur leurs petites pattes et quittent la petite feuille. Alors l'abeille, elle vole, elle vole, elle vole. Le soleil continue de tourner et elle continue de voler, tout l'après-midi. Elle butine, de fleurs en fleurs. Elle fait son métier d'abeille. A un moment, le soleil est bas. Mince, se dit elle, il est temps de rentrer à ma maison, dans la ruche.

Alors, elle arrête de butiner sa dernière fleur de la journée, elle plie ses petites affaires, et pif paf ! elle rejoint le flot des abeilles, là où cela cahote, trépigne, se bouscule, se croise, mais où cela avance. Alors dans le flot, comme le matin, cela cahote, cela trépigne, cela se bouscule, cela se croise mais, comme le matin, cela avance. Des fois, dans le flot des abeilles, un grillon vient jouer de la musique et c'est bien finalement, car cela change du train train. Et pif paf ! l'abeille se retrouve à la maison, bien heureuse d'être arrivée.

Alors, là, tout va plus vite encore. Elle enlève son beau costume noir rayé, pour ne pas l'abîmer ni le froisser. Quand il fait froid, elle retire aussi sa petite écharpe noire, car chez elle, il fait bien chaud. Et là, elle va dîner l'abeille, d'eau tiède et d'un peu de sucre. Mais pas trop, car il faut garder une taille de guêpe ! Et puis, il faut tout nettoyer dans la maison, lire les nouvelles de la ruche et de la reine, appeler quelques amies abeilles qui ne travaillent pas dans la prairie, savoir si demain il fera chaud ou s'il fera froid, afin de savoir s'il faut mettre ou non son écharpe noire. Elle lit quelques pages de son petit livre. Et puis, soudain, pif paf ! il est temps de se coucher l'abeille, sinon elle va être fatiguée demain.

Alors, elle expédie une petite toilette. Ensuite, allongée sur son petit lit, elle réfléchit l'abeille. Elle pense à sa vie d'abeille. Bien sûr, elle n'a pas beaucoup d'aventures. Oui ! mais c'est tranquille aussi une vie d'abeille. Et puis, je suis heureuse comme cela se dit-elle, comme pour se convaincre. Des fois, même, elle y arrive. En fait, elle ne veut surtout pas trop se poser trop de questions. Sinon, elle dort mal et elle n'aime pas cela du tout. Car, si elle dort mal, elle sera de mauvaise humeur et elle devra prendre plein de petits médicaments, pour pouvoir voir, à nouveau, la vie en jaune. Mais déjà, il est tard et elle éteint sa petite lumière l'abeille. Ses petits yeux d'abeille se ferment bien vite. Elle s'endort. Surtout, ne pas faire de rêves. Chut ! pas un bruit. Elle dort maintenant.

***


Des fois, le matin, je suis dehors à l'heure où les abeilles vont au travail. J'y croise des flots d'abeilles se rendant à leur prairie. Je vois que ça cahote, que ça trépigne, que ça bouscule et que ça coince, mais je vois aussi que cela avance. Vite, surtout ne pas être en retard ! elles sont toutes lavées et bien peignées les abeilles. Je me dis que moi aussi j'ai été une abeille, avec mon costume noir rayé et sans oublier mon écharpe noire quand il fait froid. Alors je ne rigole pas, je ne me moque pas mais je ne suis pas jaloux. Je regarde seulement les abeilles.

Et je me dis que, pour quelque temps, c'est bon de ne pas aller à la prairie et de rester la journée à la ruche.

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