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13 novembre 2003

Fais attention, les Nez Rouges sont autour de toi.

Ce matin, comme tous les matins de la semaine lorsque je ne suis pas en vacances, en RTT ou en arrêt maladie, j’ai une nouvelle fois décidé d’aller au travail.


Ce matin, comme tous les matins de la semaine lorsque je ne suis pas en vacances, en RTT ou en arrêt maladie, je me suis rendu à mon travail. Le voyage étant éprouvant pour les yeux, j’ai l’habitude de l’agrémenter de lectures et depuis deux jours c’est W de Georges P. qui s'y colle. Hier soir, alors que je lisais déjà ce livre, un chanteur du métro entra dans le wagon de la ligne 5. Il nous amusa d'une chanson rigolote en roulant des "r" d’Afrique du Nord puis remercia les voyageurs "d’être venus si nombreux (l)’écouter". Il nous souhaita à tous de "faire plein d’enfants, jusqu’à 16 par soir". Il jura nous aimer plus que nous, les voyageurs, nous pouvions l’aimer … Il eut un beau succès, tout le wagon rigolait. J’ai pu enfin sourire. Ce matin, alors que j’allais rejoindre mon travail, aucun chanteur rigolo n’est venu me faire sourire : alors, je n’ai pas souri.


Ce matin, comme tous les matins de la semaine lorsque je ne suis pas en vacances, en RTT ou en arrêt maladie, je suis arrivé à mon travail. J’ai ouvert la porte vitrée de l’accueil où garde le gardien. Nous nous saluons comme toujours en remuant nos mains. Je dois être le seul de la société à le faire. Il se frappe le torse de sa main dans un élan du cœur, tout comme il m’est arrivé, à plusieurs reprises, de le saluer dans sa langue maternelle, dans un élan de mon propre cœur. Je monte à l'étage en prenant l'ascenseur. Je croise quelques collègues, nous nous saluons. Je vois que la salle de réunion est occupée par quelques personnes des autres services. Je rentre dans mon bureau. J'ai quelques dossiers urgents à finir et je vais chercher un café. Mon ordinateur est allumé. Je retouve mon bureau dans le même état que lorsque je l'ai laissé, hier soir, il y a à peine quelques heures. Je travaille ...


Ce matin, comme tous les matins de la semaine lorsque je ne suis pas en vacances, en RTT ou en arrêt maladie, j’ai pris l’ascenseur et je suis arrivé à l’étage. J’ai ouvert la porte grise anonyme et je suis entré. Là, je croise un collègue. Il me salue et je remarque, étonné, qu’il porte un nez rouge, tenu par un élastique, au milieu du visage. Je trouve cela insolite. Je lui demande pourquoi un tel accoutrement de clown, alors que nous ne sommes pas jour de carnaval. Je me dis que cette société est vraiment étrange. Il me regarde sans rien dire et continue son chemin. Mais je suis sous le choc. Je continue vers mon bureau, le couloir est gris, je croise d’autres personnes. Toutes sont également affublées d’un même nez rouge, tout autant tenu en place par un élastique. Une salle de réunion avec autour cinq personnes, chacune porte un nez rouge. Il y a un gobelet d’eau en plastique devant chacun d’eux. Au fond du couloir, je remarque pour la première fois qu’un trône a été posé là. Sur ce trône est assis un homme que je connais bien. Il ne porte pas de nez rouge comme les autres. Par contre, il n’a pour tout habit qu’une toge romaine, rouge écarlate, me rappelant des vers oubliés. Son crâne est ceint d’une couronne de laurier et il se tient, dans la lumière, la main tendue, le pouce vers le bas. Il ne me regarde pas mais semble observer l'horizo, loin derrière moi. Je rentre dans mon bureau en courant tellement je suis effrayé. J’ai peur de ces clowns et de ce romain. Je tache de réfléchir mais sans réfléchir à mes tâches. Je suis prostré par cette terreur qui me consume. La matinée se passe et je sors de ma torpeur : je suis vivant, j'en suis fort aise, rien ne s'est passé. J’en viens à mépriser ces clowns vivant sous la coupe du faux empereur qui régne sur ce cirque. Je suis différent d'eux, à tout le moins. Soudain ma porte s’ouvre, je sursaute, un collègue-clown entre et me parle. Je le regarde. Il fait comme-ci de rien n’était. Je suis perplexe. Il me questionne sur un dossier. Je me lève et vais m’en saisir dans l’armoire. En passant devant la vitre, je vois mon reflet ... Je porte moi aussi un nez rouge, bien tenu en place par un élastique. J'ouvre le dossier. Je fais comme si. Alors j'ai honte ... moi aussi.

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