Quoi de neuf sur la guerre ? (2)

La forêt s'étale à perte de vue, calme, lente, déterminée. Il y a là un accent d'éternité. Le petit matin dépose son humidité sur les feuilles. Des nappes de brouillard s'accrochent aux branches et fabriquent du silence. Il fait froid.

Une colonne de voitures roule rapidement sur des routes glissantes. Leurs phares sont allumés.
Plus loin. Une vaste clairière d'herbe se déploie tranquillement. La lumière augmente à mesure que le soleil se lève. Il y a peu, il n'y avait encore personne, juste un carrefour où se croisent des routes. Maintenant il y a des gens, deux groupes qui ne se regardent pas. Pourtant, de loin, ils se ressemblent. Tous attendent autour d'un vieux wagon. Quelques voitures sont déjà arrivées. Elles sont rangées d'un côté.

Le temps passe lentement. Pas un mot. Personne ne parle.

La colonne de voiture entre en trombe dans la clairière et vient s'arrêter de l'autre côté du wagon. Immédiatement les portières s'ouvrent. Une dizaine de passagers en sort. Certains sont en costume et portent de hauts chapeaux. D'autres sont en uniforme. Les bottes sont cirées et les décorations de sortie. De l'autre côté, au même moment, les voitures s'ouvrent également. Là encore, des uniformes, des bottes cirées et des médailles en descendent.

Les deux groupes se figent un instant alors que des appareils photographiques sur trépieds immortalisent leur présence. Ils prennent la pose historique, celle qui restera dans les livres. Puis chacun entre dans le wagon. Tout le monde prend place autour d'une longue table. Les chaises en bougeant rompent un silence glacial. Sur la table est posé un document.Sur ce document on peut lire :

Protocole d'accord transactionnel

Le moment est solennel. La signature de cet accord entérine un compromis tant territorial que financier "entre les soussignés". Les concessions sont rudes. Si le sang ne coule plus, il ne s'agit pas encore de paix. Tout au plus un armistice.

Cette après-midi, à 16:30