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14 octobre 2004

Les joies de la vie de bureau, vues depuis mon « cubicle »

Je suis inerloqué. Je le regarde de temps en temps. Lui, c'est mon voisin de devant. Moi je suis dans mon « cubicle ». Lui il est dans son « cubicle », devant moi. Lui, il n'est pas du genre « voisin causant », il est du genre « voisin sifflant ». Le pire. Je m'aperçois que j'en ai vraiment marre de l'entendre siffler. A intervalles réguliers (?) il siffle entre ses dents, des bouts de chansons tiré d'un répertoire très années 60, visiblement sans même s'en apercevoir. Cela doit l'aider à réfléchir.

Sauf que moi, cela ne m'aide pas du tout à réfléchir ! Et là, alors que je suis justement en train de réfléchir à des trucs pas simple, cela m'irrite de plus en plus de l'entendre.

Je suis décidé à ce que cela cesse. Quitte à avoir recours à l'armement lourd. Mais il me faut tout d'abord déterminer comment gérer cette « crise ». C'est vrai que dans les jeux de stratégie, ma technique préférée c'est commencer par vaporiser la capitale adverse puis seulement après me mettre à discuter. Mais d'un autre côté, je sais que je suis le petit nouveau du coin et que lui a l'air d'y être depuis une éternité.

Plusieurs options s'offrent à moi  :

1) l'attaque frontale en première intention (en stratégie nucléaire on appelle cela un scénario de destruction préventive, à savoir l'envoi massif d'ICBM contre-force en première frappe) : « t'arrête de siffler ! »
2) l'approche diplomatique officielle : « pouvez vous arrêter car mon travail demande une grande concentration et vos sifflements me gênent .. un peu »
3) la diplomatie souterraine (stratégie indirecte) : faire systématiquement un bruit (taper la table, casser un stylo) à chaque sifflement

Il parait que le bon général (Napoléon, Bismark, Aymé Jaquet) c'est celui qui sait prendre les bonnes décisions sans perdre un temps précieux à tergiverser. Alors, comme je m'énervais tout seul, j'allais pas continuer à tergiverser : j'ai opté pour l'attaque frontale. Quitte à devoir passer à la phase deux en cas de fiasco complet.

Lui : « tsssi tsssi tssis, ti ti ti ti ti ta ta  (air de "Yesterday") »
Moi : « Bon ! vous comptez siffler longtemps comme ça ? »
Lui : « hein ? oui moi je siffle !» (sans même lever son regard)
Moi : « parce que si vous, vous sifflez, moi je vais me mettre à chanter l'Iinternationale toute la journée, je me demande si vous allez gagner au change. »
Lui : grmmmml grmmml grmmml. (puis bruit du clavier)

Pendant le reste de la matinée, il a tenu. Pas un seul sifflement. L'après midi fut un peu plus difficile pour lui, car il ne put pas s'empêcher de lâcher un ou deux sifflements. Sifflements qu'il eut vite fait de remballer et qui ne suscitèrent aucune réaction outrée de ma part. J'ai su effectivement me montrer magnanime. J'ai compris qu'il est un grand malade atteint d'une terrible affliction. Son addiction aux sifflements entre les dents est supérieure à sa prise en compte de la nécessité de respect des conditions de travail de son nouveau voisin de « cubicle » (à savoir moi). Je pense que ce bonhomme va avoir besoin d'une bonne thérapie. Il a de la chance, je me sens un vrai médecin.


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