Place de l’Opéra, ce matin, neuf heures moins dix.

Les abeilles sortent du tube par lequel elles arrivent sur leur zone de récolte de miel.

Les travailleuses se reconnaissent à leur tenue. Il y a les abeilles males, avec leur petit costume noir ou marron et les abeilles femelles, avec leur petite tunique noire ou leur petit tailleur. Certaines travailleuses ont déjà leur petite écharpe, ce sont les prudentes. D’autres ont leur petit imperméable, ce sont les archi-prudentes.

Puis tout le monde se sépare sur le terre-plein central devant l’Opéra. Il y a celles qui vont vers la gauche, ce sont les travailleuses banquières. Il y a celles qui vont tout droit, ce sont les travailleuses assurancières. Il y a celles qui vont derrière, ce sont les travailleuses touristières.

Et puis il y a toutes les autres, celles qui servent à leur faire à manger, à leur préparer des choses, à manigancer plein de trucs, à apporter réconfort et logistique aux travailleuses.

Moi ce matin, comme tous les matins depuis quelques jours, je suis sorti du métro et je suis allé tout droit.

Je n’avais ni écharpe, ni imperméable. Normal, comme souvent les travailleuses assurancières, j’aime l’aventure.