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20 janvier 2005

D'un Opéra à l'autre et juste un peu plus loin

Il fait déjà nuit. La rue Auber est illuminée par les boutiques et les phares des voitures. Il ne pleut plus depuis longtemps. Les trottoirs sont détrempés par la pluie de l'après-midi. Les lumières s'y réfléchissent, donnant à la chaussé un air glissant. Le bus 29 arrive. Je monte et je m'assois au fond. Je regarde, j'écoute. Le bus roule devant l'Opéra. Le Palais Garnier brille sous les projecteurs installés sur le Café de la Paix. Le premier étage n'est pas allumé. Ce soir, il n'y a pas de spectacle. Rue du 4 septembre, le bus accélère en direction de la Bourse. Un arrêt brutal fait trébucher les trois voyageurs restés debout. Il repart aussi vite et passe devant le Café des Colonnes, puis le siège de l'AFP. La Bourse est éteinte, presque désaffectée depuis que la corbeille n'existe plus et que le silicium a remplacé le capitalisme des bouts de papiers. Virage sur la rue Montmartre. Rue Montmartre ? Il emprunte un drôle de chemin ce soir. Une femme s'inquiète et court vers le chauffeur, demandant de descendre tout de suite. On passe Le Figaro puis le bus 29 tourne à droite en direction de la place des Victoires. Sans doute pour retrouver ses arrêts normaux. Place des Victoires, il fait un tour complet. Il passe en revue ma préférée des places royales de Paris. Comme dans un manège, j'ai à peine le temps de vérifier l'arrondi de la place. Et de voir l'une des plus belles statues équestres de la ville. Malheureusement celle du pire Roi de France, certainement le plus stupide de toute l'histoire de France, Louis XVIII. Un véritable gâchis d'avoir mis cette statue à cet endroit, ce qui m'irriterait une fois de plus si je ne me sentais pas aussi léger ce soir. J'aimerai bien qu'il refasse un autre tour, juste un de plus. Mais déjà, il reprend la rue Réaumur, cette fois-ci dans le bon sens. Une femme parlant dans un téléphone portable à une certaine "Odile" s'assoit au fond, à côté de moi. Elle reconnaît une autre personne, assise à côté. Elle lui dit "bonsoir Marie-France". Marie-France, qui tient la main d'un homme semble rougir d'un seul coup et tout se fige. Je pense à l'adultère et je me marre un bon coup. La femme au téléphone est rigolote. Elle lève les yeux vers moi après avoir lu le carnet sur lequel j'écris quelques noms de rues. Elle y vu écrit "Odile" et "Marie-France" et me regarde interloquée, tout en continuant sa conversation. Je lui souris gentiment. Elle me renvoit un sourire étonné. Rue Etienne Marcel, le bus passe devant la tour de Jean sans Peur illuminée, l'un des seuls vestiges du Moyen Age à Paris. Plus loin le carrefour de Sébastopol est vide. Au bout de la rue, le bus tourne sur la droite et prend la rue Beaubourg. Puis tout de suite à gauche, il emprunte la rue Rambuteau. Il s'enfonce dans le Marais. Ma voisine finit sa conversation téléphonique avec Odile et va parler à Marie-France. Qui a lâché la main de l'homme depuis longtemps. Feux rouges. Feux verts. Le Marais et ses rues étroites. Le bus s'arrête, il repart. Il passe devant "ma tante", puis la rue Vieille du Temple. La rue Rambuteau se transforme en Francs-Bourgeois. Ma voisine, la copine de Marie France descend. Marie-France lui fait un petit signe de la main quand le bus la dépasse. Très resserrée, la rue n'est qu'une série de boutiques qui se touchent. Des soldes partout. Beaucoup de lumières. Des fringues, des cafés, des fringues, des bijoux, beaucoup d'hôtels du XVIIème siècle. Comme toujours le passage de la rue de Turennes ralentit la circulation. Un dernier feu et le bus passe devant la place des Vosges, première des places royales de Paris. Le square est dans le noir mais les arcades sont allumées. Après la petite rue du Pas de la Mule, le bus s'engouffre dans le boulevard Beaumarchais, pour filer droit vers la Bastille. Après le Marais, un monde différent. Un espace ouvert. Au milieu la colonne de Juillet. En face l'Opéra de la Bastille. Personnes sur les marches mais une foule dans la galerie de verre. Ce soir il y a spectacle. Architecture décevante. Déjà la rue de Lyon se profile avec au fond la gare.

Je me prépare à descendre à la gare de Lyon.

29 minutes pour aller d'un opéra à l'autre, traversant deux places royales, et pas moins de 6 quartiers, c'est ça le bus 29, le soir, entre l'Opéra et la Gare de Lyon.

Demain je prendrai le bus 20, qui fait le même trajet mais par un autre chemin, histoire de vérifier si lui ne met pas 20 minutes.

Je rentre chez moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens vraiment de bonne humeur ces jours-ci.


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